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Les cendres froides du Punk à la cité de la musique de Paris et au Metropolitan Museum de New York

jeudi 21 février 2013, par Fulano

Les Sex Pistols, Bazooka, WTF (What The Fuck), DIY (Do It Yourself), Anarchy et la New Wave débarquent à la Cité de la Musique à Paris, à partir du 15 octobre 2013.

EUROPUNK

À cette annonce, d’ex-punks, des post-punks, des anarcho-punks, des musiciens de Oi ! et leurs fans, ou des maîtres-punks pourraient avoir envie d’aller au musée pour l’évènement… D’autres, pourraient être tentés de s’y replonger pour cette occasion.
Qu’ils se raisonnent. Europunk n’est ni un évènement, ni une occasion. Cette exposition, présentée à Rome et à Genève en 2011, à Charleroi en 2012 n’a pas pour sujet le Punk, mais uniquement " la culture visuelle punk en Europe, 1976-1980 "…

Imaginée par Eric de Chassey [1] autour de 6 thématiques, (Sex Pistols, Bazooka, WTF (What The Fuck), DIY (Do It Yourself), l’Anarchy et la New Wave), l’exposition ambitionne, de "montrer le fruit de l’effervescence créative qui, entre 1976 et 1980, parallèlement à ce qui se produisait aux États-Unis, a agité le Royaume-Uni d’abord, puis l’ensemble du continent européen."

"Au total, plus de 550 objets (vêtements, fanzines, affiches, tracts, dessins et collages, pochettes de disques, films, etc.), issus de collections privées et publiques, témoignent de cette vitalité et de cette liberté créatrices qui ont fait du punk, malgré lui, une véritable révolution artistique, célébrant les noces barbares de l’énergie et du désespoir." [2]


En ignorant le Punk aux USA, en évitant la musique (pour ne choquer ni les visiteurs ni les gardiens), la politique (pour "ne pas en faire"), la révolte sociale (pour ne pas risquer de l’alimenter) et en ne donnant à voir que des "images" (sous-verre) soigneusement triées et scénographiées, Europunk s’annonce comme un café sans caféine, une bière sans alcool, "une immense accumulation de spectacles [où] tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation" [3].


Après avoir visité l’expo à Charleroi, un internaute livre quelques réactions sur son blog. [4]

  • "Dans la deuxième salle se trouvent d’autres articles, flyers, pochettes de vinyles de divers groupes (The Clash, Sham 69....), avec de grandes pancartes expliquant le mouvement punk. J’y trouve de superbes affiches, une interview de Metal Urbain, des pochettes de leurs vinyles, pas mal d’articles intéressants. Glanant des informations sur les grandes pancartes, j’y apprends que les punks seraient, sois-disant, fanas de terrorisme (et depuis quand ????)....... que le punk s’appellerait New Wave dans certains pays (Punk = New Wave......ben voyons, rien à voir.....) je lis aussi l’histoire d’un homme décédé en 1955, bien avant la naissance du mouvement punk et du coup n’ayant aucun rapport avec celui-ci......"
  • "… je m’aperçois qu’il y a un bruit de fond constant et indéfinissable, évoquant en gros le vol d’un bourdon, ce bruit provient en faite de baffle installées en rond, on peux lire sur une petite pancarte que ce bruit est "sensé" représenter ce que l’on entends dans un concert punks en Angleterre........
    Je n’ai jamais mis les pieds en Angleterre, mais je ne pense pas qu’il y ai des bourdons géants dans les salles de concerts, et si c’est le cas, c’est courageux de jouer un concert punk pendant qu’une une grosse bébéte vole autour de vous .....
    "
  • "…là encore de très beaux objets de collection à découvrir dans cette salle, mais des infos sur le mouvement punk parfois erronées, totalement à côté de la plaque, à se demander si ce cher Eric de Chassey se serait un minimum documenté sur le mouvement punk avant de monter cette exposition....."

Et de conclure : "si vous avez 3 euros à claquer, gardez les plutôt pour un bon concert punk"




"Punk : Chaos to Couture"

Du 9 mai au 11 août 2013, le Punk sera "fashion" au Metropolitan Museum de New-York lors d’une exposition au thème chic : "Punk : Chaos to Couture".


Ouvert par un gala de charité conviant tout le Who’s Who de la mode, du show-business et de ceux qui "comptent", l’exposition présentera 100 créations, dont des pièces "Punk" originales signées Vivienne Westwood...

L’objectif (marketing) de l’exposition est de sublimer le do it yourself en l’associant au "sur-mesure" de la couture faite à la main et ainsi prouver qu’entre les tee-shirts déchiquetés des Sex Pistols et les tailleurs Chanel à "vrais-faux trous brûlés", il ’y a une parenté…

Selon Andrew Bolton, le commissaire de l’exposition, " le punk trouve aujourd’hui sa modernité au-delà de la mode. Il s’exprime par exemple à travers la révolution du Net. Le Web permet à chacun de prendre en main la production culturelle. Le do it yourself est devenu le futur du no future."


Vicious est mort, Rotten bouge encore


Mais pour spectaclistes qu’elles soient, ces deux expositions auront au moins le mérite de réunir Alphonse de Lamartine (" Je suis las des musées cimetières des arts" ) [5] et Ludwig Feuerbach ( "Et sans doute notre temps... préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être... Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croît, si bien que le comble de l’illusion est aussi pour lui le comble du sacré." ). [6]







[1Directeur de la Villa Médicis à Rome. Voir artnet : SEXE, DROGUE ET IMAGES !, interview d’Éric de Chassey sur http://www.artnet.fr/magazine/expositions/DEVAUX/PUNK-VILLAMEDICIS.asp

[3Guy Debord La société du spectacle

[5Voyage en Orient », dans Œuvres complètes, Alphonse de Lamartine, éd. Hachette, Pagnerre, Furne, 1856-1857

[6Préface à la deuxième édition de L’Essence du christianisme