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Le sourire des volontaires est-il la meilleure carte des jeux olympiques ?
samedi 28 juillet 2012, par
Publiée à l’occasion des jeux olympiques de Pékin, en 2008, cette réflexion sur les volontaires au service des JO est encore et toujours d’actualité…
En 1985, l’Assemblée générale des Nations unies instaurait le 5 décembre comme Journée internationale des volontaires [1].
En 2008, pour les jeux de Pékin, ils furent 100 000 à travailler dans les services d’accueil, de la traduction, du transport, de la sécurité ou des services médicaux. Ils servirent de guide pour les spectateurs, distribuèrent des articles, travaillèrent à la communication, participèrent à l’organisation de la compétition à l’exploitation des sites ou à la gestion même des bénévoles. En contrepartie, le Comité d’organisation leur offrit des assurances, un uniforme, des facilités de transports et surtout “l’exceptionnelle chance de prendre part à un immense événement au cœur d’une ambiance internationale”…
C’est bien cette dernière contrepartie qui motive les bénévoles, prêts à prendre leurs vacances ou des congés sans solde, à payer leur voyage et leur hébergement pour participer aux JO ou aux divers Coupes du Monde. Cette nouvelle forme du don motivant à travailler gratuitement et à payer pour cela, est élevée au rang d’expression fondamentale de philanthropie et de civisme au sein de notre société. “Le bénévolat est l’offre volontaire de son temps, de son énergie et ses habiletés. ” (Code canadien du bénévolat) [2].
Or, les adeptes de ces nouvelles “éthiques” ne semblent pas voir dans l’existence simultanée du don et du sport marchandise une contradiction. Dans le marché, le lien social est instrumental par rapport à ce qui circule. Le lien social est un moyen pour faire circuler les choses en les échangeant ou en les redistribuant. En revanche, dans le don, on tend à observer la relation inverse : ce qui circule est au service du lien, ou à tout le moins est conditionné par le lien.
Ce concept de don, de l’importance du volontariat et des nouvelles “théories du management” sont désormais appliqués par les néo-keynésiens [3] dans le sport. La force de travail des volontaires s’échange contre une “expérience remarquable”. Et pendant qu’ils invitent les “consommateurs” à organiser eux-mêmes leurs “grand messes” [4], des contrats sont signés avec les 12 « Partenaires TOP » (dont Coca-Cola, Général Electric, Samsung ou Visa). En échange de leurs investissements, ces « Tops » bénéficieront de droits et avantages de marketing exclusifs.
Et Jacques Rogge, président du CIO, de rappeler sur Radio Chine Internationale, que “s’il n’y a pas de bénévole, il n’y a pas de Jeux olympiques. Parce qu’on ne peut pas bien organiser les J.O et attirer les jeunes du monde à Beijing sans bénévoles.”… Dont acte.
[1] Cette journée “donnera l’occasion aux organismes de volontaires de fêter et de promouvoir leur contribution au développement économique et social à l’échelle locale, nationale et internationale…" .http://www.unv.org/infobase/facts/04_08_17DEU_fs_IVD_fr.htm
[2] “Bien que, par définition, les bénévoles ne soient pas payés, ils occasionnent des frais incontournables : uniformes, formations et besoins essentiels tels que les repas. Ces coûts ont été estimés à 700 dollars australiens par bénévole. (Rapport sur les bénévoles -Sydney 2000)
[3] Le seul remède radical aux crises de confiance qui affligent la vie économique moderne serait de restreindre le choix de l’individu à la seule alternative de consommer son revenu ou de s’en servir pour faire fabriquer l’article de capital qui, même avec une faible évidence, lui paraît être l’investissement le plus intéressant qui lui soit offert”. (Keynes “Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie” 1936.)
[4] Le sport en France : 25 millions de pratiquants, 14 millions de licenciés, 100 000 emplois directs, 1,7 % du PIB, l’équivalent de 22,41 milliards d’euros (dont 6,55 milliards d’euros proviennent du travail des bénévoles…).