Dernière secousse révolutionnaire en Europe de l’Ouest, la révolution des Œillets va surprendre une bonne partie de la gauche et de l’extrême-gauche française. Certes des grèves importantes dans les années 60, le mouvement des travailleurs agricoles de l’Alentejo en 1962 ou encore l’agitation étudiante laissent à penser que le système corporatiste du régime salazariste se fissure.
S’y ajoute l’enlisement dans les guerres coloniales en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique. Pour y échapper, des centaines de milliers de jeunes portugais désertent et émigrent en France, la plupart clandestinement.
Dans la nuit du 25 avril 1974, le coup d’État du Mouvement des forces armées (Movimento das Forças Armadas, MFA), emmené par des jeunes capitaines ayant servi en Afrique, fait s’effondrer l’Estado novo comme un château de cartes.
Aux antipodes du Chili l’année précédente, le coup d’État militaire est ici porteur d’un souffle de liberté, inclinant vers le socialisme, dans lequel vont s’engouffrer les classes populaires portugaises. Et ce jusqu’à ce qu’il soit clôt par un autre coup d’État, le 25 novembre 1975, mené par la frange la plus réactionnaire de la hiérarchie militaire avec l’appui du Parti socialiste de Mário Soares.
Les militant.es de l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) vont scruter de près ces quelques mois de la révolution portugaise [1]. Non sans avoir en tête la possible contagion de l’élan révolutionnaire à l’Espagne voisine, sous domination franquiste, et dont l’histoire sociale a été marquée par l’action des anarcho-syndicalistes.
Rôle de l’Armée, antagonismes de classe, autogestion et double-pouvoir, reconstruction d’un mouvement libertaire organisé… c’est en révolutionnaires et libertaires qu’ils et elles vont s’attacher à comprendre et à défendre la révolution des Œillets. Une délégation de l’ORA se rendra même sur place une semaine en juillet 1975, en plein « été chaud » (Verão Quente) [2].

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