Accueil > Juste une Image > Occupy un avenir (et une culture graphique)
Occupy un avenir (et une culture graphique)
lundi 13 février 2012, par
Le mouvement Occupy Wall Street et ses dizaines d’avatars à travers le monde modifient en profondeur la manière de s’opposer aux gouvernants. Aux États-Unis, ils deviennent un objet social inédit, comme l’évoquait la semaine dernière l’écrivain Michael Greenberg dans la New York Review of Books. L’occasion de s’arrêter sur les images de ce mouvement, sur ses propres représentations.
" Cinq mois après le déclenchement d’Occupy Wall Street, son influence aux États-Unis se confirme chez les moins de trente ans, comme le relevait fin décembre une étude du Pew Research Center.
À ce stade, nous avons voulu passer en revue les images de ce mouvement qui ne ressemble à aucun autre. Une sélection réalisée grâce à nos amis de Occuprint, sorte de mémoire vive de l’iconographie de cette aventure politique.
Car le mouvement Occupy Wall Street, lancé quelques jours après le dixième anniversaire des attaques du 11 septembre (mais préparé dès le mois de juin par l’organisation canadienne des Adbusters), marque peu à peu, au fil des journées d’action, une rupture profonde dans les sujets de contestation politique et dans la manière de les exprimer, qui jusque-là obéissaient à des fonctionnements plutôt prévisibles.
De longue date, face à des pratiques présentées comme d’inévitables logiques gestionnaires par les détenteurs d’un pouvoir, des concurrents plus ou moins déclarés à l’exercice de ce pouvoir opposaient des dogmes dans l’espoir de remplacer un jour les gestionnaires.
Les activistes réunis sous la bannière des Occupy (Wall Street, Toronto, Houston, Londres, La Défense…) ne réclament pas des postes ministériels ni l’adoption d’une constitution. Contrairement à leurs aînés arpentant les champs de la contestation, ils ne veulent pas prendre pouvoir. Mais ils exigent du pouvoir qu’il reprenne la mesure des vies humaines et se montre transparent dans les affaires publiques.
Progressivement, la force des Occupy tient dans ce double postulat : ne pas chercher à conquérir le pouvoir mais ne plus accepter que le pouvoir (institutionnel, financier…) ne ressemble plus aux citoyens – les fameux 99 %. Avec, en filigrane peut-être, un désir de démocratie athénienne.
La semaine dernière, dans un article bilan publié par la New York Review of Books, l’écrivain Michael Greenberg décrivait comment cette dynamique influençait en ce moment les moins de 30 ans, aux États-Unis. Avec une intensité peut-être comparable à celle des mouvements des droits civiques dans les années 60.
L’enjeu n’échappe pas aux experts des mouvements sociaux qui travaillent aux États-Unis. À Chicago, berceau des cultural studies, l’université Roosevelt vient de décider de lancer des travaux de recherche sur le mouvement local Occupy Chicago. À l’université de New York, une initiative comparable est menée. Pour suivre l’onde de choc in vivo. "