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Nous avions appris, longtemps après, que Mitterrand se savait atteint d’un cancer de la prostate dès sa première investiture. Apprendra-t-on un jour que Biden était depuis longtemps atteint d’une maladie affectant ses capacités cognitives ? Toujours est-il qu’il a déclaré après le 27 septembre 2024 : « La mort d’Hassan Nasrallah est une mesure de justice pour toutes les victimes du Hezbollah », ce à quoi un prof de Sciences-po [2] a judicieusement fait remarquer qu’il s’agissait là d’une conception de la justice héritée du Western (un des fondements du droit bannit le fait de se faire justice soi-même) faisant également remarquer que les Etats-unis ont un rapport quel que peu problématique au droit international, eux qui ne reconnaissent toujours pas la CPI, pour ne prendre que cet exemple, car cette critique des conceptions juridiques de « l’Empire » n’est évidemment pas exhaustive.
In fine, la stratégie de Netanyahou pour rester au pouvoir, satisfaire ses alliés d’extrême droite et museler la population israélienne, c’est de continuer sa guerre à Gaza, au Liban [3], mais surtout à l’Iran (c’est aussi la tactique de Poutine en Ukraine, toutes choses égales par ailleurs). Il sait que les Etats-unis sont en campagne électorale, que Biden continuera à le soutenir et que c’est là une des manières de favoriser la victoire de Trump ; en effet, outre Atlantique, la jeunesse estudiantine se mobilise de plus en plus en soutien au peuple palestinien, à contrario des élus, des responsables et des électeurs démocrates. Le camp Trump s’en frotte les mains tous les jours. On peut donc s’attendre à une extension de la guerre menée par Netanyahou contre tous les peuples voisins, sans que l’on puisse en prévoir, à ce stade, les conséquences.
Et l’on constate une fois de plus l’approche tactique différenciée des Etats-unis en Europe et au Proche-Orient : en avril 2024, avec d’autres occidentaux, ils avaient aidé Netanyahou à stopper 98% des drones et missiles envoyés par Téhéran (souvenons-nous que l’Ukraine dispose en tout et pour tout de cinq systèmes Patriots pour protéger un territoire 27 fois plus grand). Nous apprendrons vraisemblablement plus tard que cette collaboration occidentale fut aussi mise en oeuvre le 1er octobre, d’autant que les ayatollahs avaient prévenu Moscou et Washington de leurs tirs, comme ils l’avaient fait en avril 2024. Et la presse main stream de s’égosiller devant les 181 missiles envoyés par Téhéran tandis qu’elle reste muette devant les 13 000 drones et 10 000 missiles envoyés par l’armée de Poutine sur le territoire ukrainien et sa population depuis octobre 2022, sans parler des bombes planantes guidées qui peuvent peser 3 tonnes et que l’armée russe y utilise depuis janvier 2024. Et quid du million de morts et de blessés civils et militaires des deux bords à ce jour [4] qui ne semblent pas intéresser cette même presse ?
Les gouvernants occidentaux qui, à la suite de Biden, soutiennent le pire au Proche-Orient [5], nous préparent un désastre inédit en Europe depuis 1945 en fermant les yeux devant les interventions militaires de Poutine depuis vingt-cinq ans : en effet, dans la tactique qui consiste à soutenir l’Ukraine juste ce qu’il faut pour que le pays survive et soi-disant affaiblir le Kremlin, Biden – qui n’a paraît-il qu’un seul mantra en bouche si ce n’est un TOC, à savoir « éviter la troisième guerre mondiale » – et les autres occidentaux, sont en train de faire de l’armée soviétique qui était en décomposition avancée [6] en février 2022, l’armée et l’industrie de guerre les plus puissantes d’Europe.
Merci Biden [7]. Cela fait presque deux ans que nous disons que le capital occidental soutient le peuple ukrainien comme la corde un pendu mais que celui-ci – comme les résistances, espagnoles ou françaises – ne doit pas regarder à la couleur des armes pour se défendre contre une menace existentielle. Ceci dit, ne doutons pas un instant qu’avec Trump, ce sera cent fois pire.