"À l’occasion de la présentation au festival de Cannes 1951 du premier film lettriste, Traité de bave et d’éternité, dans le tumulte déchaîné par une salle hostile, on vit se lever un jeune garçon enthousiaste qui répliqua aux sarcasmes d’une personnalité connue par un poing vigoureux. Guy-Ernest Debord venait ainsi de marquer son adhésion au mouvement lettriste."
- Extrait d’un manuscrit inédit à plusieurs mains - Visages de l’avant garde, février 1953. -
Avec le Traité de bave et d’éternité, présenté au Festival de Cannes en 1951, Isou invente le montage discrépant qui a pour principe la disjonction du son et de l’image. Il les traite de manière autonome comme deux colonnes indépendantes et pures sans aucune relation signifiante.
La colonne sonore s’ouvre avec des improvisations de chœurs lettristes « en boucles » sur lesquels se mêle une histoire d’amour enchâssée dans un manifeste pour un nouveau cinéma.
La colonne visuelle possède également sa propre structure narrative en présentant une succession d’images banales : Isou errant sur le boulevard Saint-Germain, des fragments de films militaires récupérés dans les poubelles de l’armée française, des exercices de gymnastiques, Isou en compagnie de personnalités (Cocteau, Cendrars…).
L’autre travail sur l’image porte sur la ciselure des photogrammes. Isou intervient, gratte, peint directement sur la pellicule. Le montage discrépant et la ciselure annoncent la mort d’une certaine idée du cinéma.
Prix des Spectateurs d’Avant-garde au Festival de Cannes 1951.