Dans la prison de Nîmes les détenus dorment par terre, car il n’y a pas suffisamment de lit pour tout le monde.
Les repas se prennent souvent dans les mêmes conditions car les chaises manquent.
Ici, tout fonctionne de la même façon car la prison de notre ville est la plus surpeuplée de France avec un taux d’occupation de 200%.
Cela se traduit par un entassement à 3 personnes dans des cellules prévues pour 2. Cette promiscuité engendre inévitablement des tensions fortes des gens entre eux et avec le personnel. Cela se traduit par des conditions d’hygiène déplorables. Les gestes barrières et le gel hydroalcoolique n’existent pas pour lutter contre le Covid ici.
Les espaces non-fumeurs n’existent pas non plus. Les activités culturelles et sportives sont limitées à leur portion congrue, pour quelques chanceux qui en bénéficient. La bibliothèque est fermée, aucun livre, aucun journal ne circulent, sans aucunes raisons. Les visites au parloir sont accordées avec parcimonie, elles sont pourtant le seul lien avec l’extérieur.
Quant aux sorties dans la cour, elles sont réduites à 2 heures quotidiennes en raison de l’effectif humain très important à gérer dans les espaces communs, d’ailleurs beaucoup d’entre nous renoncent à ces récréations et restent 24H sur 24H dans un espace vital inférieur à 3m2 par personne. Pour eux la seule fenêtre sur la vraie vie, c’est la télévision qui diffuse à tue tète des programmes que personne ne regarde ou n’écoute et qui constitue de fait un bruit de fond abrutissant. Bruit de fond qui s’associe peu harmonieusement avec celui du vacarme constant des bâtiments en béton armé.
La température est torride, elle est accentuée par les 3 épaisseurs de barreaux en métal accrochés à chaque fenêtre et qui en été deviennent de véritables radiateurs. Certes les détenus tentent en vain de les refroidir avec de l’eau mais ils ne créent qu’une gigantesque vapeur. Celle-ci entre dans chaque cellule et s’associe aux odeurs fécales des WC et fétide de la transpiration et de la moisissure.
La situation de la prison de Nîmes est explosive. Le Préfet Lauga et le Procureur Maurel en sont les seuls responsables : le premier par sa politique répressive ultra sécuritaire et le second par les procédures expéditives qu’il engage.
Roland Veuillet, détenu à la Maison d’arrêt de Nîmes depuis le 31 mai pour avoir participé à des manifestations.
Le 14 juillet 2020