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Bookchin et le spectre de l’anarcho-syndicalisme
vendredi 1er mai 2015, par
Murray Bookchin accuse le syndicalisme et l’anarcho-syndicalisme, de n’avoir pas compris les ressorts du monde moderne. Ses textes relancent le débat sans nuance.
À l’heure où l’on apprend que les idées de Murray Bookchin [1] sur le municipalisme libertaire inspireraient tant les organisations kurdes de Turquie emmenées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et son chef Abdullah Öcalan que les combattants du Rojava en Syrie [2], il est intéressant, sur un site syndicaliste, de s’interroger sur ce que Bookchin pensait du syndicalisme.
Dans ses écrits antérieurs à 1992, on savait que Bookchin ne plaçait pas ses espoirs de transformation sociale dans le syndicalisme, encore moins dans l’anarcho-syndicalisme, la chose lui paraissant dépassée dans ses formes d’organisation et d’action comme dans son projet de société [3]. Sans mépriser la lutte ouvrière, sans non plus la cantonner dans un rôle secondaire, Bookchin la considérait comme un front de lutte populaire parmi d’autres. En 1992, dans une étude d’une trentaine de pages intitulée « Le spectre de l’anarcho-syndicalisme », Bookchin se lance dans une virulente critique de l’idée et ses prétentions hégémoniques [4].
L’accusation
Le réquisitoire de Bookchin pourrait tenir dans cette phrase :
« De fait, loin d’être surtout individualiste ou surtout dirigé contre une forme particulière de domination de classe, les moments de l’histoire ou l’anarchisme a été le plus créatif et le plus provocateur sont ceux où il se concentrait sur la commune plutôt que sur ses composantes économiques telles que l’usine et, au-delà, lorsque les formes d’organisation confédérale qu’il élaborait se sont basées sur une éthique de complémentarité plutôt que sur un système contractuel de services et d’obligations » [5].
Pour ce qui doit être rapporté à la théorie, l’anarcho-syndicalisme aspire « à l’hégémonie idéologique » sur l’hypothèse libertaire excluant toutes les autres tendances anarchistes notamment le communalisme alors qu’il est de celles « les plus repliées sur elles-mêmes » [6]. Bookchin ne néglige pas les conflits de classes et le rôle que peuvent jouer les syndicats dans le règlement des problèmes économiques, mais il reproche aux anarcho-syndicalistes de remplacer « la vision large d’un anarchisme communautaire, éthique, universaliste et antidominateur, aspirant à la liberté dans tous les domaines de l’existence, par leur propre vision limitée » [7]. Avoir voulu être « un équivalent à l’anarchisme lui-même » explique peut-être que l’anarcho-syndicalisme « n’existe plus dans le prolétariat » [8].
L’anarcho-syndicalisme prétend aussi à « l’hégémonie prolétarienne » sur l’ensemble de la société [9] or, écrit Bookchin en 1990, les temps ont changé, la classe ouvrière « s’est complètement industrialisée, au lieu de s’être radicalisée comme l’espéraient pieusement les socialistes et les anarcho-syndicalistes », « en tant que classe, le prolétariat est devenu le partenaire de la bourgeoisie et non plus sont antagoniste inflexible » [10]. Il estime que la classe ouvrière doit passer de préoccupations de classe à des préoccupations humaines : « l’“humanisation” de la classe ouvrière, comme de tous les secteurs de la population, dépend de façon décisive de la capacité des travailleurs à dépasser leur sentiment d’appartenance à la classe ouvrière et à progresser au-delà de leur conscience de classe et de leur intérêt de classe, vers une conscience communautaire, celle de citoyens libres qui seuls pourront instaurer une société future morale, rationnelle et écologique » [11].
Cette idéalisation de la lutte des classes, à l’égal du marxisme, le conduit dans la même impasse parce que « la lutte des classes va rarement jusqu’à la guerre des classes, et le militantisme social explose rarement en révolution sociale » [12]. L’anarcho-syndicalisme adhère à « une approche économiciste » de l’histoire : le capitalisme dans sa recherche du profit s’étouffe à force de centralisation de ses moyens de production et finit par exploser sous la pression de la classe ouvrière organisée [13].
Sur ces bases théoriques, le contrôle ouvrier du lieu de travail se fait aux dépens de l’assemblée générale des citoyens de la commune. Il génère un égoïsme ouvrier, un patriotisme de l’entreprise qui conduisent à la renaissance du marché et de la concurrence. Bookchin donne comme exemple la Confédération nationale du travail (CNT) qui, en 1936 en Catalogne, en prenant la direction des usines, aurait entravé l’autogestion par les assemblées populaires. L’expérience de la collectivisation se serait dissoute en une nationalisation voire « un néo-capitalisme ouvrier » [14],
Par la suite, l’anarcho-syndicalisme n’a pas su s’inscrire dans le monde moderne, il s’est marginalisé en ne voyant pas venir les « questions transclassistes totalement nouvelles qui concernent l’environnement, la croissance, les transports, l’avilissement culturel et la qualité de la vie urbaine en général » mais également « les dangers de guerre thermonucléaire, l’autoritarisme étatique croissant et finalement la possibilité d’un effondrement écologique de la planète » [15]. Il a ignoré des questions vitales devenues aussi importantes que le rapport salariat-patronat pour la contestation des structures hiérarchiques, telles les luttes « basées sur la race, le sexe, la nationalité ou le statut bureaucratique » [16].
Présenter comme cela, Bookchin livre de vraies interrogations, émet une opinion discutable mais alimentant le débat sur la modernité du syndicalisme et du communisme. Peut-on faire l’impasse sur la concurrence entre l’assemblée populaire de la commune et l’assemblée des travailleurs dans l’entreprise [17] ? Qui contestera la quasi disparition de l’anarcho-syndicalisme malgré sa résurgence mainte fois annoncée [18] ? Le hic vient de ce que Bookchin étaie ses points de vue avec des considérations historiques, théoriques, factuelles plus que contestables. Il affirme mais ne démontre pas ; fait preuve d’une grande ignorance de la théorie de l’anarcho-syndicalisme, de ses pratiques et de son histoire au point que le lecteur averti mettra en doute sa bonne foi. Il est imprécis sur les concepts ; recourt à des postulats éculés pour asséner des jugements péremptoires ; se répète faute d’arguments [19].
La défense
Dans l’ouvrage Anarcho-syndicalisme & anarchisme, l’article de Bookchin est suivi, en réponse, de trois plaidoiries autorisées. Marianne Enckell, animatrice du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) [20], lui règle son compte en trois pages :
« Nous avons ici un texte de Murray Bookchin bien discutable, naviguant entre l’anachronisme, la confusion sémantique et la polémique abusive… ». « C’est chercher mauvaise querelle aux anarcho-syndicalistes que de leur attribuer pour seul objectif le contrôle ouvrier de la production » [21].
Marianne Enckell atténue la peine par une observation qui conserve, à ce jour, toute sa pertinence :
« L’auteur n’est pas seul en cause : il témoigne d’un problème socio-culturel plus général, de différence des structures d’organisation et des cultures ouvrières entre pays latins et anglophones » [22].
Daniel Colson, universitaire et libertaire [23], et Jacques Toublet, militant du Syndicat des correcteurs de la Confédération générale du travail (CGT) [24], détaillent. Le premier explique à Bookchin ce que fut réellement « l’ouverture humaine des expériences anarcho-syndicalistes » au sein de la Fédération des bourses du travail de Fernand Pelloutier [25]. Jacky Toublet s’afflige de voir un militant qu’il respecte procéder à « l’éreintement complet de l’anarcho-syndicalisme » : « cette attaque contre l’anarcho-syndicalisme est d’une violence de ton et d’une malveillance égale à celle adoptées par les sectes d’ultra-gauche et les marxistes-léninistes à l’encontre de… l’anarchisme » [26]. Lui aussi revient sur les bourses du travail et habilement les inscrit dans le schéma du municipalisme libertaire :
« La Bourse du travail était conçue par les anarchistes syndicalistes comme une municipalité populaire, ouvrière, dressée en face de l’hôtel de ville de la république bourgeoise » [27].
Quant au fait que le syndicat n’aurait que des préoccupations économiques avec pour finalité l’hégémonie des producteurs, Toublet rétablit une vérité dont on s’étonne que Bookchin ne l’ait pas connue puisqu’elle fait l’originalité du syndicalisme révolutionnaire comme de l’anarcho syndicalisme :
« Les anarcho-syndicalistes n’ont pas négligé la commune ; au contraire, ils en ont fait un des deux éléments indispensables à la disparition de l’État politique » [28], l’autre étant le syndicat pour la production et la distribution des biens et services.
Ces citations touchent au cœur la méconnaissance de Bookchin de la théorie syndicaliste révolutionnaire, plus encore de celle de l’anarcho-syndicalisme si l’on doit les distinguer [29]. De la méconnaissance aussi de l’histoire de la CGT des origines. Ces défaillances nuiront à la diffusion de ses idées. Si l’on excepte l’épineuse question, pour les anarchistes, de la participation aux élections municipales comme stratégie [30], son municipalisme libertaire, en première analyse, s’approche du syndicalisme révolutionnaire si bien qu’on peut se demander s’il ne réinvente pas quelques grands principes élaborés à la fin du 19e siècle et au début du 20e [31]. Bookchin aurait avantageusement clarifiée, enrichie et fortifiée sa proposition s’il était allé voir de plus près ce que fut la CGT française comme la CNT espagnole plutôt que de dénigrer l’une et l’autre sans un examen approfondi car, que ce soit les bourses du travail en France ou les collectivisations en Espagne, leur œuvre constructive reste mémorable et jamais égalée dans leur radicalité.
Parce que la philosophie de Bookchin ne se limite pas à ce regrettable article sur le spectre de l’anarcho-syndicalisme
Texte libre de droits avec mention de l’auteur : Pierre Bance, et de la source : Autre futur.net, espace d’échanges pour un syndicalisme de base, de lutte, autogestionnaire, anarcho-syndicaliste, syndicaliste révolutionnaire (www.autrefutur.net).
[1] Murray Bookchin (1921-2006) est né à New-York dans une famille d’immigrés juifs de Russie. D’abord ouvrier dans la métallurgie, il s’engage dans le syndicalisme et le marxisme. L’attitude du marxisme orthodoxe durant la guerre d’Espagne l’oriente vers le trotskisme. Dans les années 1950, il rejette peu à peu le marxisme et le syndicalisme pour, dès 1952, s’intéresser à l’écologie et se rapprocher de l’anarchisme. Il reprend des études d’électronique. Durant les années 1960, il continue son militantisme anarchiste tout en participant à la Nouvelle gauche américaine ; il construit l’idée d’écologie sociale : par nature, le capitalisme et l’État s’oppose à l’idée de société écologique. En 1969, il est professeur à l’Université Alternative U à New-York. En 1971, il part dans le Vermont et trouve en 1973 un poste de professeur en technologie et écologie au Goddard College (Vermont) où il enseigne la technologie et l’écologie puis au Ramapo College (New Jersey) pour des cours de théories sociales. Il fonde, en 1975, avec l’un de ses élèves, l’Institut pour l’écologie sociale tout en poursuivant son militantisme écologique. À compter des années 1980 et jusqu’à la fin de sa vie, pour structurer l’écologie sociale, il conçoit le municipalisme libertaire en germe depuis longtemps dans ses écrits : la commune autonome, la fédération des communes permettront d’avancer vers une société communiste libertaire où la liberté de chacun se développera en harmonie avec les autres et la nature. Avec le temps, Bookchin s’affiche de plus en plus comme un critique acerbe de ceux qui empruntent une autre voie que la sienne, ce qui l’isolera. Sa dénonciation du syndicalisme et de l’anarcho-syndicalisme en est l’exemple. Sept ans avant sa mort le 30 juillet 2006, malade, désespéré par le manque de sérieux des mouvements anti-autoritaires, il annonce sa rupture avec l’anarchisme et son adhésion au « communalisme » sans changer le fond de ce qui restera le municipalisme libertaire.
Pour plus de détail, sur la complexité du personnage… et de ses idées, lire : Vincent Gerber, Murray Bookchin et l’écologie sociale. Une biographie intellectuelle, préface Jean-François Filion, Montréal, Les Éditions Écosociété, 2013, 182 pages.
Pour consulter les travaux de Bookchin disponibles en français, se reporter à la liste établie par le site Écologie sociale.ch qui en met un certain nombre au téléchargement (http://www.ecologiesociale.ch/index.php/textes/articlestelecharg).
[2] Pierre Bance, « Bookchin, les kurdes et l’anarchie », Un Autre futur, 15 décembre 2014 (http://www.autrefutur.net/Bookchin-les-Kurdes-et-l).
[3] C’est en 1948 que Bookchin se mit à douter de la potentialité révolutionnaire du syndicalisme alors qu’ayant participés aux négociations chez General Motors pour mettre fin à une longue grève, les travailleurs durent accepter les propositions de l’entreprise. « Selon lui, les transformations apportées au sein du monde industriel depuis la Seconde guerre mondiale ont changé à tout jamais le rôle historique de la classe ouvrière » (Vincent Gerber, Murray Bookchin et l’écologie sociale, précité note 1, page 26).
[4] Dans Murray Bookchin, Daniel Colson, Marianne Enckell, Jacques Toublet, Anarcho-syndicalisme & anarchisme, Lyon, Atelier de création libertaire (ACL), 1994, 130 pages. L’article de Bookchin est page 7. Brochure disponible auprès d’ACL (http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Anarcho-syndicalisme-et-anarchisme.html?var_recherche=Bookchin).
Le texte de Bookchin peut se trouver sur internet, par exemple sur le site Le Cri du dodo (http://lecridudodo.blogspot.fr/2011/08/le-spectre-de-lanarcho-syndicalisme-par.html).
La version originale en anglais : « The ghost of anarcho-syndicalism », est sur le site Institute for social ecology, 6 novembre 1992 (http://www.social-ecology.org/1992/11/the-ghost-of-anarcho-syndicalism/).
[5] Page 11.
[6] Page 8.
[7] Page 17, voir aussi page 30.
[8] Page 22, « équivalent » est souligné par Bookchin.
[9] Page 26. Sur cette issue, Bookchin souligne qu’anarcho-syndicalisme et marxisme s’accordent.
[10] Murray Bookchin, Une société à refaire. Vers une écologie de la liberté [1990 pour la première édition en anglais], préface d’Antoine Robitaille, traduction de l’américain par Catherine Barret, Montréal, Écosociété, « Retrouvailles », 2e édition en français, 2010, 302 pages, citations pages 198 et 199.
Déjà en 1980, dans un article intitulé, « Anarchism : past and present », Bookchin écrivait : « Vus globalement, l’anarcho-syndicalisme, le proudhonisme et le bakounisme, appartiennent à un passé révolu. Je le dis, non pas parce qu’ils manquent de cohérence et de sens idéologique […] mais simplement parce qu’ils parlent d’époque faisant partie de l’histoire ancienne », cité par Vincent Gerber dans Murray Bookchin et l’écologie sociale, précité note (1), page 147.
[11] Page 32.
[12] Page 25, les mots « guerre » et « révolution » sont soulignés par Bookchin.
[13] Page 26. Bookchin fait, là aussi, un rapprochement avec le marxisme.
[14] Page 20 et suivantes. Bookchin pour mettre en cause la CNT reprend l’expression « néo-capitalisme ouvrier » de la page 246 du livre de Gaston Leval, Espagne libertaire 36-39. L’œuvre constructive de la Révolution espagnole (Paris, Éditions du Cercle, Éditions de la Tête de feuilles, « Archives révolutionnaires », 1971, 400 pages). Sur cette même page, Leval explique que le « néocapitalisme ouvrier, une autogestion à cheval entre le capitalisme et le socialisme […] ne se serait pas produit si la Révolution avait pu s’accomplir intégralement sous la direction de nos syndicats » et conclut que : « ces insuffisances […] n’ont pas empêché un fait d’une importance immense : les usines tournèrent, les ateliers, les fabriques produisirent sans patrons, sans capitalises, sans actionnaires, sans haut personnel directorial ». Ce « sous la direction de nos syndicats » détruit la plaidoirie de Bookchin et discrédite son appropriation du témoignage de Leval.
Bookchin appelle aussi le « néo-capitalisme ouvrier », le « capitalisme collectif » dans un entretien accordé en 1996 à Janet Biehl pour son livre Le Municipalisme libertaire. La politique de l’écologie sociale (Préface d’Annick Stevens, 2e éditions française, Montréal, Les Éditions Écosociété, 2013, 206 pages, citation page 180).
[15] Ces citations sont tirées de la page 10 d’un autre article de Murray Bookchin, « Le municipalisme libertaire. Une nouvelle politique communale ? », extrait de From Urbanization to cities : toward a new politics of citizenship (Londres, Cassell, 1995, 279 pages), traduit par Jean Vogel et lisible sur le site Écologie sociale.ch (http://www.ecologiesociale.ch/images/stories/articles/Le_municipalisme_libertaire_une_nouvelle_politique_communale.pdf)
[16] Page 9. « Lutte contre le statut bureaucratique » doit s’entendre aussi comme lutte contre la domination exercée par les bureaucrates au sein des syndicats, anarcho-syndicalistes compris.
[17] « La municipalité, par son assemblée de citoyens, exercerait le contrôle et prendrait les grandes décisions concernant ses usines, et élaborerait les politiques qu’elles doivent suivre, toujours dans une perspective civique plutôt que professionnelle » (Entretien accordé à Janet Biehl, précité note 14, page 179).
[18] C’est le côté millénariste des anarchistes, leur certitude que l’anarchisme est bien increvable et que l’anarchie, un jour, se réalisera, aussi « que le moment ne lui a jamais été aussi favorable ». L’auteur de ses lignes n’échappe pas à la prophétie, si c’en est une, du moins à ce travers, si c’en est un. Sur ce site : « Pour un projet anarchiste de la convergence », Un Autre futur, 14 septembre 2012 (http://www.autrefutur.net/Pour-un-projet-anarchiste-de-la) ; « Organisons la convergence pour un autre futur, Un Autre futur, 30 avril 2013 (http://www.autrefutur.net/Organisons-la-convergence-pour-un).
[19] Évidemment après la lecture de cet essai, on peut avoir des doutes sur la qualité des critiques que Bookchin porte à d’autres courants de pensée, notamment à l’écologie profonde, sa bête noire, bien plus que l’anarcho-syndicalisme (Murray, Bookchin, « Commentaires sur “l’écologie sociale profonde” de John Clark », Democracy and Nature, volume 3, n° 3, 1996, traduit et annoté par Jean-Manuel Traimond pour Réfractions, n° 2, « Philosophie politique de l’anarchisme », été 1998, page 25 [http://refractions.plusloin.org/spip.php?article267] ; dans le même numéro, en écho, un texte de John Clark, « Une écologie sociale », non daté, traduit par Alain Thévenet, page 55 [http://refractions.plusloin.org/spip.php?article269]). Il est vrai, que la critique de John Clark, philosophique, biocentrique, apolitique, mystique même, laissera perplexe plus d’un anarchiste, davantage encore un anarcho-syndicaliste.
[20] Page 71, « Diversité des cultures syndicales ». Sur Marianne Enckell, Le Maitron (http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article154911&id_mot=28).
[21] Page 72.
[22] Page 72. Les anarchistes européens sont souvent choqués par les points de vue de Noam Chomsky par exemple. Bookchin aussi d’ailleurs, mais par une phrase qui entre néanmoins dans la considération de Marianne Enckell : « La gauche pousse si loin la sottise que quelqu’un comme Chomsky qui se dit anarchiste, veut renforcer ou du moins soutenir l’État centralisé [des États-Unis] contre les demandes de “dévolution” aux gouvernements des États, comme si l’État centralisé pouvait être utilisé contre les compagnies [capitalistes], qu’il a toujours fini par aider ! » (Entretien avec Janet Biehl précité note 12, page 163). L’anarchiste latin ne verra pas trop en quoi il y a un intérêt théorique à mieux considérer un État confédéré que l’État central comme le fait Bookchin.
[23] Page 35, « Anarchisme et anarcho-syndicalisme ». Sur Daniel Colson, Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Colson).
[24] Page 75, « Considérations sur l’anarcho-syndicalisme ». Sur Jacques Toublet, prématurément disparu, Le Maitron (http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article154086&id_mot=28).
[25] Page 53 et suivantes.
[26] Pages 75 et 76.
[27] Page 78. Jacques Toublet évite le terme d’anarcho-syndicalistes qui eut été un anachronisme le mot n’existant pas à cette époque.
Daniel Colson parle d’un « mélange de mairie, de maison du peuple et de cathédrale » (page 55).
[28] Page 86.
[29] Même si, aujourd’hui, on a tendance à utiliser indistinctement et certainement à tort, les mots anarcho-syndicalisme et syndicalisme révolutionnaire, Bookchin ne s’embarrasse par de la distinction qui doit, au moins, être maintenue dans l’étude historique.
[30] Jacky Toublet s’interroge : « Murray Bookchin suggèrerait-il que les libertaires auraient dû axer une part essentielle ou importante de leur action de transformation sociale vers la conquête des municipalités sans intermédiaire, grâce au suffrage universel ? » (Page 89).
Pour développer et installer le municipalisme libertaire, autant que sur la participation aux élections locales, Murray Bookchin compte sur l’investissement des structures municipales tels les comités de quartier ou sur la création directement par les citoyens d’assemblées populaires pour faire pression sur la municipalité, voire pour la doubler sans ignorer les risques de la création d’un État potentiel quand ces communes autogérées se fédèrent (Se reporter à l’entretien avec Janet Biehl précité note 14, pages 192 et suivantes).
[31] Tel John Holloway qui réinvente l’anarchisme à partir des écrits marxistes (Pierre Bance, « John Holloway, comme une ombre d’anarchie », Un Autre futur, 29 mai 2012, http://www.autrefutur.net/John-Holloway-comme-une-ombre-d). Autant, Holloway, bien qu’il revendique sa bonne foi par méconnaissance de l’anarchisme, apparaît comme un usurpateur, ce qui n’a pas échappé aux anarchistes en France, autant Bookchin, autodidacte « d’un tempérament peu conciliant », semble piquer une colère qui l’égare (Citation de Karel Bosko cité par Vincent Gerber, Murray Bookchin et l’écologie sociale, précité note 1, page 20).